L’image d’une femme puissante et rayonnante dépeinte par l’artiste Frida Kahlo qui était fascinée par la culture zapotèque, ne date pas d’hier. L’histoire raconte qu’en 1866 ce sont les femmes qui ont empêché la ville de tomber aux mains des soldats français envoyés par Napoléon III pour soutenir Maximilien. Elles qui ont motivé les hommes de Juchitán dans leur combat, qui ont piégé les soldats dans la zone lagunaire. Elles qui sont de ce fait devenues les héroïnes de la fête nationale du 5 septembre.
Tous les ans, lors des fêtes du saint patron de la ville, San Vicente Ferrer, qui commencent le 21 mai, les femmes de Juchitán, la capitale de la région mexicaine de Oaxaca, sont les reines d’une fête de la terre et de la production agricole, une fête qui se répète depuis des siècles. Vêtues de leur plus beau huipil, la robe traditionnelle aux bordures de fleurs, les filles et les fillettes participent à toutes les fêtes qui durent pendant 3 jours. Une manière de rappeler que pendant plus de mille ans Juchitán s’est appelée la « Ville des fleurs » (Xochitlán).
Son premier nom est Antonio. Les muxes (prononcer mouché), ont l’habitude depuis l’adolescence de s’habiller en femme et de s’attacher à des activités comme la décoration ou la broderie. Compter un muxe dans la famille était monnaie courante et considéré comme une chance, parce qu’il s’occupait des parents lorsqu’ils vieillissaient comme le fait en temps normal le dernier des enfants de la famille, qui reçoit alors en héritage la maison, le commerce et l’or. Les muxes (que les Zapotèques considéraient comme faisant partie d’un troisième sexe) participent à chaque moment important de la vie communautaire comme tout autre citoyen, contrairement au reste du Mexique, où l’homophobie est très forte bien que le mariage entre hommes soit légalisé dans la capitale. Même dans les sociétés matrilinéaires, la virilité est un dogme normatif.
Les qualités des Técas, leur sens de la solidarité féminine et l’élégance de leur huipil ont franchi les frontières de la ville, puisque ces viajeras (« voyageuses ») se déplacent non seulement dans les communes voisines mais encore jusqu’au Chiapas et dans tout le Mexique, gagnant à l’occasion le Guatemala, où elles suscitent l’admiration des hommes et la jalousie des autres femmes.
La naissance d’une fille dans une maison est copieusement fêtée, mais c’est à quinze ans seulement que l’adolescente entre dans la société des femmes et qu’elle reçoit, des mains de sa mère, des colliers en or, qui lui serviront de dot, plus tard, lorsqu’elle voudra se marier.
Souvent, avant de se marier, le fiancé enlève la jeune fille. Puis le couple se réfugie chez la mère du fiancé qui leur prépare une chambre avec un lit aux draps neufs. Le lendemain matin, on organise une cérémonie destinée à prouver la virginité de la belle : celle-ci est allongée sous un drap blanc recouvert de pétales de roses, les yeux rivés sur un mouchoir taché de rouge bien en évidence dans une coupelle d’argent.
L’omniprésence féminine dans la société juchitéca est visible dans toute activité, qu’elle relève de l’économique, du religieux ou de la simple tradition, comme par exemple la transmission de la langue zapotèque, dont la survie est menacée. Ici, la femme incarne l’indépendance, le travail et l’entreprise : elle est 100% commerçante.
Quatre montagnes sacrées se trouvent aux quatre points cardinaux du territoire navajo – Sisnaajiní, le mont Blanca à l’est ; Tsoodzil, le mont Taylor au sud ; Dook’o’oostííd, le mont San Francisco à l’ouest et Dibé nitsaa, Hesperus au nord –, dont le centre, la montagne encerclée, symbolise le lieu de la rencontre du féminin et du masculin, de Père-ciel et Mère-terre, un lieu où tout est équilibre, justesse, unité et beauté. Des mots pour lesquels les Navajo ont une expression unique : hozhó.
Ces jeunes femmes participent au concours de « Miss Navajo ». Elles sont toutes âgées d’une vingtaine d’ânées et doivent montrer leur parfaite connaissance de la culture navajo, et avoir acquis un savoir-faire très spécial : celui de savoir tuer un mouton sans le faire souffrir.
Winnie et les autres candidates à Miss Navajo, agissent devant près de quatre cents personnes – dont le président de la nation navajo et un Médicine Man. Winnie a caressé et béni l’animal dévolu à sa lame, et l’a tué rapidement, sans souffrance, par une section sans bavure de la carotide. Pour finir elle a découpé la carcasse au couteau et au marteau, sous les yeux d’un public hypnotisé et admiratif dans une atmosphère où se mêlent poussière et odeur de sang.
Pour devenir Miss Navajo, les jeunes femmes doivent également montrer qu’elles connaissent sur le bout des doigts la langue, les chants, les danses et la spiritualité de leur communauté. Winnie se prépare. Chacun de ses gestes sera examiné à la loupe par cinq femmes juges qui l’évalueront pendant toute la semaine. Malgré son appellation « Miss », ce concours récompense moins l’apparence physique que l’ancrage dans la culture et la langue navajo.
Le concours de « Miss Navajo », se déroule à Window Rock, capitale de la réserve, pendant la foire de la Nation Navajo qui réunit tous les ans près de dix mille Amérindiens, Apaches, Comanches, Cheyennes et Hopis, venus de toutes les réserves des Etats-Unis pour participer à des défilés en tenue traditionnelle, à des chants et à des courses de chevaux et des rodéos.
Tout au long du xxe siècle, le gouvernement fédéral a envoyé les Navajo dans des boarding schools, manière élégante de désigner de véritables camps militaires où les navajos étaient battus s’ils s’aventuraient à parler leur langue. Résultat : la moitié d’entre eux qui ne la parlent plus.
Shoshana fête sa Kinaaldá, qui marquera le passage de l’enfance à la puberté et qui l’ouvrira au monde des femmes. Ses longs cheveux sont soigneusement remontés et noués à l’aide de fils de coton blanc, symbole de connaissance et de sagesse. Pendant quatre jours et quatre nuits, l’adolescente va moudre le grain, pétrir le pain à frire, découper un agneau sans toucher ni au sucre, ni au sel, ni aux épices.
Les filles de la famille aident Shoshana à coudre ensemble des feuilles de maïs afin d’obtenir une sorte de couverture végétale ronde de plus d’un mètre de diamètre : ce sera le moule du gâteau de maïs préparé, lui aussi, entre femmes.
Les femmes placent la couverture végétale dans le trou, puis la pâte y est versée, et le tout est recouvert de cendres et de terre. Shoshana y plongera quatre bambous reliés qui symbolisent ses armes contre la faim. Le gâteau de maïs cuit dans la terre pendant toute une nuit, avant d’être généreusement distribué aux invités, à l’exception de sa partie centrale réservée au chamane, Ricky.
Après une nuit de rituel, en présence d’une dizaine de membres de sa famille et du chamane, Ricky qui récite d’une voix rauque des litanies racontant l’univers Navajo, Shoshana sort. D’abord elle lave ses cheveux et ses bijoux dans une eau contenant du yaka, racine purificatrice, puis elle fait le tour de la hoogan de gauche à droite en contournant le poêle central, puis elle sort en direction de l’est et court jusqu’à en perdre le souffle, suivie de tous ses cousines plus âgées.
Le shaman a attribué à Shoshana un nom sacré et secret, qu’elle n’utilisera que pour la prière, pour se présenter au regard des divinités. Désormais, tous les jours elle tirera d’une minuscule pochette en cuir quelques pincées de pollen de maïs jaune qu’elle lancera en direction de l’est, d’où naît l’aube. Un geste qui symbolise le pouvoir de donner la vie. Yá’a’tééh, lancera en forme de salut la jeune femme Navajo aux déités et aux énergies féminines : la terre, la montagne, le pollen de maïs, l’eau.
On la distingue de loin. Elle est la reine et, en tant que telle, elle règne pour les femmes de l’île de Canhabaque, comme le roi règne pour les hommes, sans qu’il y ait de lien de couple entre les deux. C’est ainsi qu’est réparti le pouvoir politique, de façon équitable. Les deux souverains sont choisis dans le clan numériquement dominant, et en fonction de leur âge.
C’est par les femmes que se transmet l’appartenance à l’un des quatre clans. Elles font construire leur maison et en sont propriétaires. Si l’aîné des enfants est une fille, c’est signe que la famille va s’agrandir, puisqu’elle est destinée à rester à la maison et qu’en ayant d’autres enfants elle agrandira la famille.
L’un des principaux rites de passage des Bijagos s’appelle le fanado. Il s’appuie sur l’idée que, les hommes naissant incomplets, ils ont besoin d’apprendre à respecter les femmes, à créer des liens avec la nature comme la connaissance des marées et l’influence des étoiles sur les êtres vivants…
Le fait de pouvoir devenir mère donne à chaque femme la possibilité d’entrer en contact avec l’autre monde, le spirituel. L’être qu’elle enfante est la réincarnation d’un esprit. Ce pouvoir sur la vie – et donc sur la mort – lui confère du prestige, inspire à toute la communauté un respect auquel se mêle une certaine crainte.
Plusieurs périodes d’abstinence sexuelle se succèdent le long de la vie des hommes – comme des femmes. Les hommes doivent rester chastes lorsqu’ils se soumettent au rituel de passage de fanado dans la brousse : ils ne peuvent ni parler aux femmes ni partager leur nourriture. A Canhabaque, cette période peut durer jusqu’à sept ou huit ans. Quant aux femmes, elles sont obligées de s’abstenir pendant les trois années que dure l’allaitement et aussi lorsqu’elles sont élues prêtresses.
Le principal rituel par lequel passent les femmes consiste à accueillir dans leur corps l’esprit des jeunes hommes morts, ce qui les rend détentrices d’un lien unique et secret avec l’au-delà. C’est là que se trouve le fondement de l’équilibre et de l’harmonie essentiels pour la communauté. A l’issue de ce rituel elles sont qualifiées du titre de « Grande Femme ». Les femmes gèrent également la vie sentimentale du groupe, dans la mesure où elles choisissent leur époux. Ici, elle ramasse sur la plage des coquillages qu’elle cuisinera et qu’elle déposera devant la case de l’heureux élu. L’homme se laisse élire par la femme, son rôle est passif.
Le shaman a attribué à Shoshana un nom sacré et secret, qu’elle n’utilisera que pour la prière, pour se présenter au regard des divinités. Désormais, tous les jours elle tirera d’une minuscule pochette en cuir quelques pincées de pollen de maïs jaune qu’elle lancera en direction de l’est, d’où naît l’aube. Un geste qui symbolise le pouvoir de donner la vie. Yá’a’tééh, lancera en forme de salut la jeune femme Navajo aux déités et aux énergies féminines : la terre, la montagne, le pollen de maïs, l’eau.
Le Conseil des femmes est réservé à celles qui ont fini leur initiation et ont à leur tour formé leurs cadettes, les akato bowa. Cette instance s’occupe des décisions qui touchent à la vie publique, notamment la résolution des conflits, le déroulement des rituels et le respect des traditions. C’est pour cette raison que les femmes font toujours en sorte que personne ne puisse accumuler trop de pouvoir.
Les Bijagos n’ont pas une vision romantique de l’amour, et la fidélité n’est pas une valeur fondamentale. Ils s’unissent à deux moments différents de leur vie : lorsqu’ils sont jeunes, l’union dure un temps bref, alors qu’à l’âge mûr l’union est permanente et surtout sacrée. C’est la femme qui choisit son mari ou partenaire. C’est aussi elle qui décide du moment de la séparation.
Sur l’île de Canhabaque, on voit quelques cas de polyandrie comme de polygamie. Toutefois, dans le cas d’un deuxième mariage, la première épouse doit donner son consentement, et chaque femme habite séparément.
La maison est transmise de mère en fille, et c’est donc l’homme qui emménage chez sa femme lorsqu’il se marie, et non l’inverse. Elle est la cheffe de famille et ses enfants sont liés à son clan. En cas de divorce, l’homme n’a aucun droit sur eux.
Désert en tamasheq, la langue des Touareg, se dit ténéré. Il désigne à la fois le lieu où la survie des êtres humains et du bétail est très rude, et un espace de liberté où s’inscrivent les territoires et les frontières mouvantes des nomades. Une zone de traces qu’efface le temps, où tout être vivant doit se battre pour sa survie. C’est au ténéré que les Touareg s’identifient, qu’ils soient nomades, semi-nomades ou sédentaires. C’est de lui qu’ils tirent l’enseignement qu’aucun être ni objet ne peut exister sans la protection d’un abri.
AmaDal amadal : « La terre est ce qui protège, ce qui garde, ce qui couve ». Cette maxime touareg citée par l’anthropologue française spécialiste de cette population, Hélène Claudot-Hawad, montre l’attachement particulier des Touareg pour la terre. On comprend leur respect de la nature, et la raison qui les pousse à la protéger afin qu’elle puisse « continuer d’engendrer et de porter la vie sur son dos ».
La tente est le cœur de la vie du Touareg, l’espace intérieur, où l’on habite, par opposition à l’extérieur, où l’on affronte la rudesse de l’existence. La tente est celle de la femme à laquelle chacun de ses enfants est lié : on dit que la filiation se fait de manière matrilinéaire. Construite lors du mariage, la tente doit compter sur quelques objets en provenance de celle de sa propre mère, ce qui permet de créer un lien symbolique avec l’abri originel, qui se transmet d’une génération à l’autre et permet aux ancêtres de la famille de faire partie de la vie quotidienne.
Pour parler de leur chez-soi, de toutes les personnes qui y vivent, y compris la descendance et la lignée, les Touareg utilisent un seul terme : éhen (la maison). Éhen c’est la tente, mais c’est aussi l’épouse, puisque c’est elle qui est propriétaire de l’habitation qui abritera l’homme et la femme après leur mariage. Éhen s’applique aussi et par extension à l’ensemble des femmes qui constituent la matriliénarité de la parenté. L’axe féminin qui permet de transmettre les droits et les biens inaliénables qui, tout comme la tente, vont assurer la survie de la communauté.
Lorsque la femme choisit son mari en dehors de son clan, que l’on appelle tawshit (le clan est un groupe de personnes qui ont une ancêtre commune), elle installe sa tente dans le campement de son mari, créant ainsi une enclave territoriale. Sa tente continue d’être le symbole de sa lignée. En cas de divorce, elle repart avec sa tente, sa dot et même les animaux dont elle a hérité, exception faite des chameaux qui appartiennent aux hommes. Quant aux enfants, s’ils sont petits, ils suivent la mère et retournent dans le campement d’origine de cette dernière, chez l’oncle maternel.
Les Touareg pensent qu’aucun être vivant ne peut exister sans la protection d’un abri. Cependant, l’abri lui-même ne sert à rien, s’il n’est pas proche de l’eau. En d’autres termes, ce qui relie le vivant – les animaux, les humains et les végétaux – au cycle de la vie, c’est le chemin qui mène de l’abri à l’eau. Les Touareg connaissent les sources et les points d’eaux, surtout ceux qui vivent dans des campements et les petits villages qui ne sont pas approvisionnés. Tous les deux ou trois jours ils se rendent près d’une source d’eau, à trois heures de voiture, pour remplir leurs jerricanes et rentrer au campement de Tin Tahadeft.
A Afara, où se tiendra le mariage, la tente de la mariée est déjà dressée. Elle lui a été donnée par sa mère, et marquera la continuité de la lignée. L’ensemble de ces « petites tentes » transmises par la mère à ses filles, forment la grande tente ou tente de la mère (éhen n ma). C’est pourquoi dans l’absolu, la société touareg devrait être considérée comme réunissant l’ensemble de toutes les tentes, et l’aînée des femmes comme le pilier central de cette société, entouré par les piquets subsidiaires. Les tribus touareg est très hiérarchisée, et les rapports de forces créent de fortes inégalités.
Le principe matrilinéaire – de transmission de mère en fille – est valable pour les successions, les droits fonciers et la propriété considérée comme un bien inaliénable. Par ailleurs, les femmes gardent le bétail dont elles tirent lait frais, lait caillé, beurre, fromage. Elles utilisent également les peaux pour l’artisanat.
La femme touareg transmet également les contes et les légendes à ses enfants. Elle leur apprend le système d’écriture traditionnel employé dans cette partie du désert, le tifinagh et les chants, le tindi, qui sera entonné en groupe le jour des noces.
Le tindi est une cérémonie musicale qui concerne essentiellement les femmes. Au cœur de cette cérémonie, un instrument : un tambour-mortier en bois, le tindi. En jouant du tindi et en balançant la tête et le corps, une femme entre en transe. Les chants sont adressés aux génies. Ceux-ci ne sont pas nommés, mais c’est leur nature qui donne son rythme à la mélodie. Pendant ce temps, les hommes se lancent dans des courses de dromadaires, deux par deux, tout en poussant des cris gutturaux. Ils dessinent des cercles en se rapprochant chaque fois davantage des femmes jusqu’à ce que l’un d’eux attrape le voile de l’une d’elles, que les autres s’empresseront de lui reprendre pour le remettre à celle qui le porte, tout cela dans une ambiance joyeuse.