Cali, 1999 : dans cette ville colombienne vivent Aydée et Bernard, un couple franco-mexicain, et leur petit de deux ans. Lui travaille pour une entreprise française de traitement d’eau, elle est femme au foyer. Ce dimanche 30 mai, ils vont à la messe dans une église qu’ils n’ont pas fréquentée jusqu’ici, La María. Au moment où le prêtre dit la formule sacramentelle « Que la paix soit avec vous… », un homme en treillis fait intrusion. C’est le début de l’un des plus importants enlèvements collectifs dont peut se targuer L’ELN, Ejercito de Liberación Nacional dans le pays. Pour des mouvements de guérilla comme ce groupe ou encore les FARC, il n’est pas à l’époque de meilleur moyen que les prises d’otages pour trouver des financements.
Entassés dans trois camions, les cent quatre-vingts fidèles vont être emportés en direction de la montagne qui surplombe Cali. On séparera les hommes des femmes et des enfants, puis commence pour tous l’ascension dans la boue et la forêt vierge, avec l’armée colombienne aux trousses qui prend en chasse le groupe dès qu’elle est au courant de l’enlèvement. Bernard et quelques hommes marchent en tête. De son côté, Aydée ralentit le groupe avec ses talons aiguilles et son enfant, qu’elle porte tant bien que mal dans les bras, car elle refuse catégoriquement de l’abandonner aux mains de paysannes colombiennes fascinées par le bleu azur de ses yeux, ce que toutes les autres femmes otages finissent pourtant par faire. Agacé, un guérillero la menace en pointant son fusil sur sa tempe, mais la jeune femme ne cède pas et l’homme, excédé, finit pas la libérer d’un énergique « Casse-toi ! ». Aydée sera donc libre le soir même, contrairement à Bernard, destiné à rester otage de la guérilla pendant six longs mois.
Ce livre témoigne de leur expérience de façon croisée : elle qui est prise en charge par une entreprise anglaise de spécialistes de la prise d’otages, qui découvre le monde des négociations et de conseillers déboulant dès qu’il y a enlèvement, qui observe la cotation des otages, qui aide à mettre sur pied une association de parents d’otages, qui va envoyer des messages à son mari via une radio appartenant à une famille de narcotrafiquants dont quelques membres ont été enlevés et qui se trouvent avec Bernard… elle enfin dont les messages qui passent sur les ondes sont écoutés quotidiennement par toute la population de la ville… Et lui, lui qui vit la dure existence des guérilleros dans la jungle, s’attachant à l’essentiel, fabriquant le nécessaire pour la survie. Deux parcours, deux faces de l’enlèvement. Deux histoires et deux types de réactions aux antipodes l’une de l’autre. Les situations font passer des larmes au rire : dramatiques avec des touches drôles, toutes inattendues. Elles ont le mérite de prouver que l’être s’adapte à tout, même à l’extrême, dans son corps mais aussi et surtout en esprit, que les valeurs censées être intangibles peuvent se voir totalement remises en cause lorsqu’on ne décide plus de son destin et que la liberté devient l’unique obsession.
Au moment où le prêtre ouvre la célébration, « Que la paix soit avec vous… », un homme en treillis fait intrusion. C’est le début de l’un des plus importants enlèvements collectifs dont peut se targuer l’ELN (Ejercito – armée – de Liberación Nacional). Les 150 fidèles vont être emportés en direction de la montagne. On séparera les hommes des femmes et des enfants.
Ce document retrace l’histoire de l’enlèvement dans une église de Cali, en Colombie, d’un couple franco-mexicain, Aydée et Bernard, et de leur enfant de deux ans en 1999. Il témoigne de leur expérience de façon croisée : elle qui découvre le monde des négociations, qui observe la cotation des otages, qui aide à mettre sur pieds une association de familles d’otages, qui va envoyer des messages à son mari via une radio de narcotrafiquants… Et lui qui vit la dure existence des guérilleros dans la jungle, s’attachant à l’essentiel, fabriquant le nécessaire pour la survie. Deux parcours, deux faces de l’enlèvement. Deux histoires et deux types de réactions aux antipodes l’une de l’autre.
Journaliste d’origine franco-chilienne, Cristina L’Homme, après avoir été correspondante de guerre en Afghanistan (1986-1993) et en Arabie Saoudite (1990-1991), a travaillé pour Sources et pour Courrier de l’Unesco et a collaboré à plusieurs médias français et internationaux.
978-2-94055-659-5
20 €
Présentation à
la Maison de l’Amérique latine,
à Paris.